samedi 15 octobre 2011

Éprouvante semaine

Aujourd'hui, c'est le 15 octobre.  Date jusque là insignifiante pour moi.  C'était avant.  Depuis hier, je sais que c'est la journée de sensibilisation au deuil périnatal.  Ironie.

Voici une photo prise mercredi par ma fille de 4 ans.

  Un beau couple venant de fêter ses 8 ans de mariage mardi, attendant un 3e merveilleux enfant.  Une petite fille, nous en sommes convaincue qui aurait du s'appeler Stella.  Attendu avec impatience par tous, y compris son frère et sa soeur, déjà si attentif à elle...

Jeudi, je tricotais sa couverture et lui confectionnais un sac à couche à mes cours de couture.  Mais, il y avait bien un mais...

Vers 5 semaine de grossesse, j'ai commencé à saigner, rien d'alarmant (paniquant, bien sûr, mais c'était pour passer.)  J'appelle à la clinique et on me rassure.  Dimanche dernier, ça recommence et m'inquiète.  Je recevrai un traitement d'acupuncture dans le but de cesser les saignements mercredi soir.  Infructueux.  Jeudi après midi, je me rends à la clinique.  J'ai eu la bonne idée plus tôt de tenter de me réconforter en allant faire des recherches sur le net.  Erreur, grossière erreur.  Le bouton panique est collé.  Je vois donc un médecin en fin d'après -midi.  Mon col est fermé, c'est bon signe, mais ne prouve rien.  Je devrai passer un écho pour confirmer la viabilité de bébé.  Il me suggère de me présenter en  personne prendre le rendez-vous en mentionnant que je suis prête pour le passer, il s'agit d'une urgence a-t-il spécifier sur la requête.  Je me rends donc à l'hôpital vendredi 8h et, même si ce n'est pas le protocole (il m'aurait fallu un rendez-vous), le radiologiste me passe à 8h45.  On verra rapidement qu'aucun petit coeur ne bat...  Je veux lui demander s'il est bien sûr, mais l'évidence est là.  Le bébé pour lequel j'écrivais plus tôt dans la salle d'attente, essayant désespéremment de m'accrocher au fait que bientôt, l'écho me rassurerait et que je serais si soulagée, ce bébé pour lequel toute la famille s'était préparée et aimait déjà tant, et bien il ne verrait jamais la lueur du jour et je ne pourrais jamais le prendre dans mes bras...

Sans que je puisse les retenir, les larmes perlent sur mon visage.  Il me dit que je devrai avoir un curetage, lundi.  Je ne peux pas rentrer à la maison, voir le visage des mes enfants incompréhensifs de mon état, devoir leur explqiuer, c'est au-dessus de mes forces.  Je sais que je dois aller apprendre la nouvelle à mon mari.  Les mots ne veulent pas.  J'aimerais tant qu'il les prononce, que je n'ai pas à le faire.  Je ne sais pas où aller, quoi faire, comment apprendre cette horrible nouvelle aux gens qui, comme nous, s'étaient attacher à cet enfant à naître. 

Je me rends chez mes parents et j'annonce le tout à mon père.  Je le suis très reconnaissante, je savais que ses bras, son coeur et sa porte m'étaient grands ouverts.  Autrement, qu'aurais-je fait?  Je suis aussi reconnaissante car je sais qu'avec lui, je n'ai pas à faire comme si, que pour lui, pleurer n'est pas un signe de faiblesse.

Je reste là 1h30 environ et je me résigne à gagner la maison.  J'ai l'intention d'aller prendre l'air avec les enfants, mais ils ne veulent pas.  Ils ne me posent aucune question, je n'ai donc aucune réponse à leur fournir.  Mon mari avait téléphoner à sa mère qui s'occupait de nos enfants afin que je n'ai pas à lui annoncer.  Je suis sous le choc, mais dois vaquer à mes occupations de maman.  Le dîner doit être fait.  Mais vers 11h45, je sais que ça ne va pas attendre à lundi, je vous épargne les détails.  J'annonce à mon chum qu'il ne retourne pas au travaille lorsqu'il arrive pour dîner.  Ce sera pour aujourd'hui.  Je téléphone à ma soeur qui sans que je n'insiste chamboule toute sa journée pour nous afin de s'occuper des enfants.  Merci infinimment petite soeur, ainsi qu'a`ton chum et à papa.  Je vous aime et vous m'êtes d'une aide très précieuse, inestimable.

Donc, pour la 4e fois en 3 jours, direction Cowansville.  Je me rends à la chirurgie d'un jour.  Le temps passe tellement lentement,  j'ai l'impression que de 7 heures ce matin à 17 ce soir, il se sera écoulé 3 jours.  Je ne devrais pas être ici, ce n'est pas comme ça que les choses devaient ce passer. 

Je suis arrivé à l'hôpital à 13h et à 14h30 j'entrais en chirurgie.  J'en sortais à 15h30 et à 17h, je partais, le ventre, les bras, yeux vides et le coeur brisé.  J'ai mal et je suis triste, en colère.  On continue l'ironie?  Aujourd'hui c'est la date prévue d'accouchement de ma belle-soeur.  D'ici peu, elle tiendra une magnifique petite fille dans ses bras.  J'étais du pour le 24 mai, entre le 22 et le 27, je connais 3 heureuses familles qui acceuilleront des bébés.  J'aurai une pensée pour elles.  Je me donnais jusqu'en décembre pour tomber enceinte, sinon on reportait le projet.  Pour moi, la naissance idéale a lieu au début de l'été.  Pour plusieurs raisons, je ne souhaite pas accoucher l'automne, ni l'hiver.  On me suggère d'attendre 6 semaines avant de réessayer.  Je vous laisse faire les calculs...  J'ai juste le goût de partir au soleil avec ma petite famille, de m'envoler loin d'ici, loin de mes livres «Une naissance heureuse» et «Au coeur de la naissance» dans lesquels j'étais plongé, loin des projets de tricot et couture pour bébé, loin de ce linge de maternité et de transition car mon linge ne me fait plus, et ce, complètment inutilement à présent.

Je dois faire face à cette réalité sur laquelle je n'ai pas le contrôle.  Mon défi sera je crois d'y faire face sans me défiler, de vivre les choses comme elle se présenteront, sans mettre un masque, sans vouloir oublier et le vivre avant de pouvoir réellement tourner la page.  Tout est encore si récent...   

(2 min plus tard)

(Je crois que mon blog va finir par me servir de thérapie) 
C'est bien beau ce dernier paragraphe, mais c'est la raison qui parlait et sa voix n'est pas très forte ni convaincante.  En ce moment, je ne veux pas vivre ces émotions, surtout pas en présence de mes enfants.  J'aimerais retomber enceinte très rapidement.  De cette façon, ce ne serait pas pertinent qu'il sache que le bébé n'est plus là (et il est où en fait? leur dire qu'il n'a jamais vraiment été, qu'il n'avait pas de petit coeur, non merci les tentatives d'explications aux enfants sensibles par une maman à fleur de peau!) si un autre serait là bientôt.  Dans un monde idéal (peut-être suis-je volontairement sur un autre planète en ce moment), je n'aurais pas besoin de leur dire quoi que ce soit qu'un autre bébé serait en route.  On va se croiser les doigts et les orteils s'il le faut fort fort fort. En fait, j'ai le goût de faire comme si, comme si rien n'était arriver.  Jamais.  Le problème que j'anticipe, c'est les «comment va la grossesse?»  Silence.  Et si les enfants étaient là à ce moment?  Je pourrais me barricader jusqu'à la prochaine grossesse, comme ça la question ne serait plus malaisante, ils n'auraient pas à savoir qu'on ne parle pas de la même grossesse.  Aux autres que je croiserai d'ici là, lisez mon blog, vous saurez et ne me le demanderez pas, merci!

5 commentaires:

  1. Je suis sans mot... je peux imaginer le cauchemard... est-ce que tu vas accepter un gros calin quand on va se voir?

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  2. Chère petite maman, je pense fort à toi et je t'envoie plein de douceur...

    Ce n'est tellement pas facile ce que tu vis, il n'y a rien de raisonnable, rien de rationnel pour te faire du bien.

    Je te souhaite que ton projet fonctionne!

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  3. Je lisais tes mots, je ressentais ta douleur, tes émotions...
    J'ai vécu une FC il y a 2 ans déjà et même si je croyais que j'avais fait mon deuil, te lire me rappelait tout ce que j'ai ressenti.
    J'pense très fort à toi et toute ta famille
    Un jour à la fois xxx

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  4. @ Mamanzen, tu comprends la raison de mon silence, je ne savais pas quoi répondre. Si j'avais eu les enfants avec moi, j'aurais sûrement refuser, je n'aurais pas voulu que ça vienne me chercher, que ça ouvre une plaie déjà béante

    @ Mamanbooh, j'aurais bien aimé passé la fds avec vous toutes, malheureusement, la vie en a voulu différemment. Merci et j'espère pouvoir te revoir, je te lis assidûement.

    @ La Belle, je t'ai envoyé un message. Désolée encore une fois de te faire revivre des moments difficiles. Je sais que tu sauras passer à autre chose. Tu vis maintenant sûrement un grand rêve dans ta nouvelle et magnifique maison dont vous méritez tellement.

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  5. vous aurez compris que «anonyme» c'est moi, blogger me boycot alors!

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