samedi 15 octobre 2011

Écrire pour ne pas parler

Je n'ai pas besoin de parler des évènements, je ne veux pas je crois.  De peur que ça rende les choses réelles.  Bien que je sais qu'elles ne le sont que trop, que j'en parle ou non.   Mais j'ai besoin d'exprimer certaines choses, choses que je n'ai pas dites, même pas à mon mari.  Parler me semble trop douloureux.
Peut-être ais-je peur de me retrouver face à un silence malaisant.  J'en sais rien, sauf que j'écrirai ici.

Quand j'ai su que je devrais attendre à lundi, je crois que sur le moment, ça ma déplu.  L'idée de rester avec ce bébé en moi dont le coeur ne bat pas pour la fin de semaine n'est pas des plus séduisante.  En même temps, ou un peu plus tard, c'était l'opposé.  J'étais reconnaissante à l'idée qu'on m'extracte (désolée, mais ça ressemble à ça) ce bébé de façon artificelle, de ne pas être pleinement consciente de ce moment, d'être gelée, d'être ailleurs...  De ne pas vivre ce moment naturellement, de ne pas sentir ce qui se passe en moi, d'être un peu à l'extérieur de tout ça.  Je ne voulais pas avoir mal (physiquement.)  Ressentir de la douleur pour avoir un bébé dans les bras ne me causent aucun problème, mais pour ne pas en avoir un, là, j'ai tout un problème avec ça.

Mais, encore une fois, on s'est fait jouer un tour et j'ai su que les choses se faisaient, que ça se passait, bien consciente, trop consciente... et paniquée.  Apeurée de faire une grosse hémorragie, d'être malade à cause de l'angoisse ou de l'intervention, que ce soit douloureux.  Peur de l'inconnu, de l'attente, de la réaction des gens à l'annonce, de ne pas savoir comment on est supposé gérer ça, de quand j'aurai à nouveau un bébé, un vrai avec un coeur qui bat, que je pourrai mener à terme.

À un moment donné, j'ai aussi été reconnaissante à l'idée d'attendre à lundi, de passer la fin de semaine, encore officiellement enceinte (je crois qu'on peut dire ça?)  Un peu comme si je pourrais me faire à l'idée, comme si j'avais un sursis pour me préparer mentalement à ce qui m'attendait.  Comme si, à ma manière je pouvais bercer cet enfant, le garder  au chaud encore un peu, à défaut de pouvoir le serrer un jour contre moi.

Mais non, aucun déali ne me serait autorisé.  Au moins, je dois dire qu'à l'hôpital, on s'est très bien occupé de moi.  Le personnel à fait preuve autant de compétences professsionnelles qu'humaines, ce qui fût très apprécié dans les circonstances et dans une ère où on attend parler des délai, du personnel surchargé et que la déshumanisation des soins.
 

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